Le soleil émerge à peine à l’horizon lorsque j’ouvre lentement les yeux. De multiples rayons de l’astre du jour filtrent à travers les buissons qui cachent l’entrée de la tanière que je partage avec mon mentor. Je lève la tête le regard encore un peu embrumée et la tête légèrement ailleurs. Il est encore tôt, le soleil se lève à peine. Tout comme moi. Je balaye la tanière de la guérisseuse du coin de l’œil en cherchant mon mentor. Les oreilles dressées et les yeux totalement ouvert cette fois je laisse le parfum tantôt sucré tantôt acide et tantôt envoûtant des plantes médicinales. Je suis désormais capable de mettre un nom sur chacune de ces odeurs. Et tout ça je le doit à mon mentor, cette chère Aura d’Espérance. Elle a beau être dure elle est tellement gentille au fond. J’aurais préféré, maintenant que j’y pense, que ce soit elle ma mère. Enfin, on ne choisi pas sa famille ni ses parents hein ? Je n’ai pas réellement à me plaindre de mon père, c’est sur ma mère que je râle. Et puis bon, on ne peut pas e sentir ni l’une ni l’autre donc comme ça c’est réglé ! Bref, mon estomac prend la parole sans me demander mon avis et me fait comprendre que il est tôt, soit, mais ce serait bien que je pense à le nourrir ! Soupirant, quelque par déçue de ne pas avoir vu Aura d’Espérance, je me lève et m’étire. Je ferais ma toilette après avoir nourri mon glouton d’estomac !

Allongée près de la tanière que je partage depuis désormais 6 voir 7 lunes avec ma mentor. Je me lèche les babines et enchaîne par un coup de lange appliqué sur mes flancs, mon poitrail et enfin sur mes pattes que je me passe derrière l’oreille. Rien de tel qu’un petit lapin pour bien commencer la journée ! Je me remets debout et m’étire, grimaçant. J’en oublierais presque ma patte folle. Mais non, elle ne veut pas que je l’oublie. D’un côté je peux la comprendre, personne ne veut qu’on l’oublie. Elle a beau me causer pleins d’ennuis et faire de moi une handicapée dont un se moque parfois, moi je la comprends. Et puis ça fait tellement longtemps que je vis avec cette tare. Je me suis habituée à avoir une patte folle comme disent les guérisseurs. Habituée à ne pas pouvoir courir et peiner à trottiner…

Alors que je triais les différents remèdes je me rendis compte qu’on avait plus d’herbe à chat. Je lançais à mon mentor que j’allais de ce pas en chercher puis me rendis compte qu’il fallait que quelqu’un m’accompagne. Ma mère, mon père ? Ils étaient en patrouille d’après le premier chat que je croisais. Je regardais les différents guerriers puis mon regard s’arrêta sur un chat qui était mon inverse niveau couleur de poil. Et ce n’était pas une simple coïncidence. Cœur de Cèdre… Mon frère. Il est déjà guerrier lui, moi je ne suis que Nuage de Tigresse, l’apprentie guérisseuse. Je soupirais et me dirigea vers lui :

« Cœur de C… Grand frère ? Tu m’accompagnes chercher de l’herbe à chat, on en a plus et la saison des neiges approche. J’ai besoin d’un guerrier pour m’accompagner. »

Ma voix était amère lorsque je prononçais le mot guerrier. Un titre que je ne porterais jamais, je le savais bien. Mais moi je sauverais des vies. Plus tard, mon titre sera celui de guérisseuse. J’avais un destin… Différent. Et je me sentais tellement loin de mes proches…

Je me réveilla dans la tanière des guerriers lors de l'entrée des rayons du soleils par l'ouverture de la tanière et je me leva en m'étirant. J'étais encore un peu fatigué à cause de la veille. J'avais du rester à surveiller le camp toute la nuit après mon baptême de guerrier. Et après avoir finit, j'ai pu me reposer un peux mais pas longtemps car je devais partir en patrouille et en patrouille j'ai pu chasser un peu pour rapporter du gibier au camp.

Donc revenons-en à aujourd'hui. Je sortis de la tanière et me restaura puis j'allais voir près de la pouponnière voir les reines et leurs chatons. J'en ressortis peu après un sourire aux lèvres et le m'arrêta pour me lécher le poitrail quand je vis ma sœur venir vers moi. Je ne vous l'ait pas présentée? C'est Nuage Tigresse, elle est apprentie guérisseuse malheureusement à cause de sa patte folle.. Je suis le seul de la portée à être né correctement.. A part ça elle est l'exacte opposée de moi niveau poils.

« Cœur de C… Grand frère ? Tu m’accompagnes chercher de l’herbe à chat, on en a plus et la saison des neiges approche. J’ai besoin d’un guerrier pour m’accompagner. »

Elle avais dit le mot guerrier d'une façon étrange.. Je croyais savoir pourquoi car elle me jalousais un peu d'avoir été fait guerrier alors qu'elle ne le pourrais jamais elle..

" Bien sur petite soeur que je t'accompagne, je suis même content que tu m'ait choisit moi pour t'accompagner. On y va alors? "

J'avais parlé d'une voix enjouée puisque passer du temps avec elle c'était un pur moment de joie car on est très proche elle et moi.

Il avait sans doute remarqué que je ne lui rappelais pas qu’il était un guerrier par pure joie. J’avais besoin d’un chat capable de me protéger pour être autorisée à sortir du clan. Je devais aller chercher de l’herbe à chat et pourtant même ça je n’en étais pas capable. C’était… Hum comment vous définir cela… C’était vexant. Rabaissant. Et ça voyez vous pour la fière chatte que je suis ce n’était pas acceptable. Je ne pouvais pas me rentrer dans la tête que j’avais besoin de quelqu’un. Moi j’ai besoin de personne ! Si ce n’est de mon honneur peut être, tout les autres sont futiles, ils ne servent à rien. Mais alors que je laissais mes sombres pensées prendre le dessus mon frère me répondait, je tendis l’oreille, espérant qu’il accepte :

" Bien sur petite sœur que je t'accompagne, je suis même content que tu m'ait choisit moi pour t'accompagner. On y va alors? "

Je remuais les moustaches, plus d’exaspération qu’autre chose je l’avoue. Qui pouvais-je bien choisir d’autre sachant que notre père et notre mère (que je n’aurais jamais choisie même si elle avait été là) étaient en patrouille ? Les autres du clan ne m’aimaient pas et, je les rassure, c’est plus que réciproque ! J’aurais pu demander à Plume de Mouette, oui c’est vrai, mais je ne l’aime pas. Aura d’Espérance ? Je ne voulais pas qu’elle vienne avec moi. Tache du Lycaon ? Pas envie non plus. Et puis je l’avoue Cœur de Cèdre est le premier qui soit arrivé dans mon champ de vision une fois les buissons de ma tanière franchis. Bref, je me redressais et partait en direction de la sortie du camp, lançant l’air dépitée :

« Merci grand frère. On y va ? On va sur les hauts plateaux, il n’en pousse que là bas. »

Je me dirige en boitant vers la sortie que je franchis en trottinant, je ne peux pas aller réellement plus vite et mon frère est plus grand que moi, il n’aura donc aucun souci pour suivre la cadence. J’ai beau tenté d’accélérer, je n’arrive à rien si ce n’est à me faire mal. Mais je garde la tête droite et continue de gravir la lande. Ma patte commence à me faire comprendre qu’une épaule contre laquelle me reposer ne serait pas du luxe mais il n’en est pas question. Je lève la tête bien haute et continue de gravir cette pente qui me fait tant souffrir.

On arrive finalement là où j’avais repéré une certaine quantité d’herbe à chat. Mais alors que la dernière pente touchait à sa fin et que dans le creux de cette colline se trouvait ce que je cherchais, ma patte se mit à trembler et je perdit l’équilibre, dégringolant sans pouvoir reprendre le contrôle de ma chute.

« Cœur de Cèèèèèèdre ! Au secouuuuuuurs ! »

(code couleur de Tigresse: #006633)

Je regardais ma sœur. Pourquoi étais-t-elle comme ça? On dirais qu'elle méprise tout le monde même moi.. Ça me fais légèrement mal car moi je tiens énormément à elle. Peut-être n'aime-t-elle pas la proximité qu'il y as entre moi et notre mère? Je sais qu'entre elles il y as énormément de tension.. peut-être parce que je suis le chouchou de ma mère? Mais Tigresse elle est la chouchoute de notre père, Étoile du Zèbre.. ça me rend un peu jaloux que notre père soit plus avec elle qu'avec moi.. J'aimerais qu'il me montre plus souvent qu'il est fier de moi! Mais arrêtons de ressasser tout ça..

Elle se releva pour se diriger vers la sortie du camp

« Merci grand frère. On y va ? On va sur les hauts plateaux, il n’en pousse que là bas. »

On grimpa ensembles la colline mais je regarda ma sœur qui peinait à la monter. Je savais qu'elle ne me demanderais jamais de l'aide car elle était trop fière et je ne voulais pas l'aider au risque de la blesser mentalement. Une fois arrivé au sommet de la colline nous nous arrêtâmes un peu.

Je ne la regarda pas un moment, un peu détourné par l'odeur d'un gibier lorsque j’entendis un bruit de dégringolade. Je tourna la tête à temps pour voir Nuage de Tigresse entrain de tomber.


« Cœur de Cèèèèèèdre ! Au secouuuuuuurs ! »

" Nuage de Tigresse!!!! "

Je fonça sur elle et en prenant prise sur le sol, je planta mes crocs dans la peau du cou de ma sœur ce qui la retint au bord du gouffre dans le vide. Je fis appel à toutes mes forces et à tout mes muscles pour la tirer jusqu'à terre et une fois cela fait, je m'écroulais. Pfiou.. elle est sauf.. mais ça m'as épuisé.. elle n'est pas si légère..

" Ça.. ça va Nuage de Tigresse? Tu n'est pas morte dis? " Dis-je en essayant de paraitre l'air drôle pour ne pas trop montrer ma peur d'avoir faillit la perdre... mais je n'y arriva pas car ma peur était quand même perceptible.

Je me voyais déjà morte. Ecrasée au fond du gouffre béant qui s’étendait au-delà de cette colline, qui ressemblait à s’y méprendre à une vague. Une vague pétrifiée. Je jetais un regard désespéré à mon frère. Me sauverait-il malgré tout ce que je lui avais fait ? J’avais été mauvaise, jalouse, froide et j’en passe… Et pourtant c’était mon frère ! Cœur de Cèdre devait compter plus pour moi qu’une mère égoïste incapable d’aimer ses deux enfants de la même façon ! Et puis bon, j’avais mon père. Même si je me sentais loin de tout ceux qui partageaient mon sang, je savais que toute sa vie mon père serait toujours fier de moi. Quoi que je fasse et quoi que je dise, comme ma mère avec mon frère en somme.

Mais je n’étais pas entrain de tomber moi ? Si, alors revenons à nos moutons. Je vois lentement mais sûrement ma vie défiler devant mes yeux verts. De mes premiers souvenirs à mon attitude d’aujourd’hui. Je me dégoûtais. Si j’arrivais, par un quelconque miracle, à survivre, je demanderais pardon à mon frère. Je lui devais bien ça. Mais alors que des pensées, plus sombres les unes que les autres, envahissaient mon esprit, j’entendis le cri de mon frère :

" Nuage de Tigresse!!!! "

Je penchai la tête pour mieux voir mon frère, mon inverse, ma moitié. Il fonçait droit sur moi. Pour la chatte entrain de chuter que j’étais tout se passa au ralenti. Je le vis enfoncer ses griffes dans le sol et me retenir par la peau du cou. Je poussais un cri strident, signifiant qu’il m’avait bien attrapé mais que la douceur ce n’était pas encore ça! Je sentais qu’il usait de la plupart de ses forces pour me tirer de là, et sans que je m’en rende compte, un énorme sentiment de culpabilité m’envahit. J’avais été trop bête, comme à mon habitude.

Eh oui, mon frère se rendait à peine compte que je n’étais plus une chatonne. Peut être me croyait-il légère car j’étais plus petite que lui ? Eh bien non mon cher frangin, ma patte ralenti quelques peu ma croissance mais je suis à peine plus petite que toi, il est donc normal que je fasse presque ton poids ! Il me lança alors :

" Ça... ça va Nuage de Tigresse? Tu n’es pas morte dis? "

J’ouvris grand mes yeux verts. C’était un moment dramatique, j’étais essoufflée et en état de choc et il me demandait si j’étais morte ? Néanmoins cette touche d’humour me fit rire. Quelque chose que je n’avais pas fait depuis longtemps, je riais avec mon frère. Sa peur imprégnait l’air mais je riais avec lui. Et pourtant, j’avais beau rire je sentais quelque chose couler le long de mes joues… Quelque chose de froid et de fluide… Des larmes ? Je… Pleure ? Pourquoi est-ce que ça arrivais maintenant ? Peu à peu mes éclats de rire se transformaient en gros sanglots. Puis, au final, je me mis à pleurer à chaude larmes devant mon frère. Et oui, moi qui détestais pleurer devant les autres, cette fois c’était visiblement incontrôlable.

« Grand frère... Pardon… J’étais jalouse et surtout je me sens tellement seule depuis que je suis apprentie guérisseuse... J’ai l’impression que tout le monde suit sa voie et que moi je suis en arrière. Loin de vous tous. Loin de ce que j’étais avant. Je me sens mal, dit, tu me vois comment toi… ? »

J'avais dit cette phrase car c'était la seule chose qui m'était venu à l'esprit. C'était con mais dire une phrase triste là.. j'aurais pas su. Oui oui je sais mais je connais ma sœur elle le prendra pas mal. Elle se mit à rire et je commença moi aussi à rire.

Puis je la regardais et avec stupeur et étonnement, (si vous connaissez Amélie Nothomb c'est Stupeur et tremblement le titre d'un de ses livres xD) je la vis pleurer et sangloter devant moi. Pourquoi j'étais étonné? Car JAMAIS elle n'avais pleuré devant moi. C'était une première.

« Grand frère... Pardon… J’étais jalouse et surtout je me sens tellement seule depuis que je suis apprentie guérisseuse... J’ai l’impression que tout le monde suit sa voie et que moi je suis en arrière. Loin de vous tous. Loin de ce que j’étais avant. Je me sens mal, dit, tu me vois comment toi… ? »

Je la regardais. Alors c'est ce qu'elle ressent.. oh petite sœur..

" Comment je te vois? Mais comme ma sœur qui deviendra une merveilleuse guérisseuse plus tard! Et que même si on est pas dans la même tanière.. on est frères et sœurs.. mon unique sœur.. et je tiens à toi tu sais.. et là quand j'ai vu que tu as faillit mourir.. j'ai encore plus envie d'être encore plus proche de toi! "

Mes sanglots me prennent à la gorge, et ce devant mon frère. Chat plus chanceux que moi mais qui partage mon sang. On a la même filiation. Et pourtant, moi je suis à part, moi je suis apprentie guérisseuse et sans doute un jour guérisseuse à la place de la guérisseuse ! Mais je me sentais, certes proche du clan des étoiles, plus que n’importe quel félin, mais loin des miens. Loin de ceux de mon clan, de ma famille, de mes amis… Plus que tout je me sentais seule. Très seule. Le vent se leva et mes larmes s’envolèrent. Je cessais peu à peu de sangloter, pleurer m’avait fait du bien. Comme si le boulet que je trainais à ma patte depuis de longues lunes s’en était allé. Je me sentais légère, libre… Je prêtais tout de même l’oreille à ce que me répondais mon frère, sa réponse m’intéressait particulièrement. Pourquoi ? Parce qu’il était le chat le plus proche de moi à ce jour. Mais écoutez plutôt :

" Comment je te vois? Mais comme ma sœur qui deviendra une merveilleuse guérisseuse plus tard! Et que même si on est pas dans la même tanière.. on est frères et sœurs.. mon unique sœur.. et je tiens à toi tu sais.. et là quand j'ai vu que tu as faillit mourir.. j'ai encore plus envie d'être encore plus proche de toi! "

Ses paroles me réchauffaient le cœur. Je me sentais mieux maintenant que j’avais pleuré et surtout mieux maintenant qu’il m’avait dit ça ! Il avait raison, à quoi bon attacher une quelconque importance au partage de la tanière ? Il restait mon frère et il le restera jusqu’à ce que l’un de nous décède. Même si moi j’ai une patte qui déconne, même si lui il est guerrier et moi apprentie on est frère et sœur. Je souriais et me frottais à lui en ronronnant :

« Merci frangin, je me sens drôlement mieux maintenant qu’on a parlé tout les deux ! Bon c’est pas tout ça mais après cette mésaventure on va peut être pouvoir cueillir de l’herbe chat non ? T’es plus grand, t’en prendra plus que moi ! »

Déclarais-je sans même laisser à mon frère le temps de protester. Je m’en vais en riant vers le plant d’herbe à chat et commence en couper à l’aide de mes crocs, chantonnant gaiement. Je me sens mieux ! Mais je lui ait dit merci… Arg, je me suis quant même un peu perdue. Je grommelle et lance entre deux coupages de tiges :

« Au boulot feignasse ! Il faut qu’on rentre avant la tombée de la nuit ok ? »

Je venais de lui dire cette grande déclaration, à vrai dire ça me soulageais aussi car je n'avais pas eu l'occasion de vraiment parler avec elle. Oui car à chaque fois on était soit interrompu par notre père Etoile du Zèbre où alors par notre mère Fleur de Pavot. Je me remémorais ces instants lorsqu'elle se frotta contre moi en ronronnant.

« Merci frangin, je me sens drôlement mieux maintenant qu’on a parlé tout les deux ! Bon c’est pas tout ça mais après cette mésaventure on va peut être pouvoir cueillir de l’herbe chat non ? T’es plus grand, t’en prendra plus que moi ! »

Ah voilà la sœur que je connait! Bon Elle est un peu exaspérante parfois mais bon.. Je l'aime comme ça car elle est toute pétillante de vie et elle est si belle ainsi! Elle s'élança vers le plant d'herbe à chat moi à sa suite et elle commença à les couper à coup de dent, ce que je fis également de mon côté mais en laissai assé pour la repousse.

« Au boulot feignasse ! Il faut qu’on rentre avant la tombée de la nuit ok ? »

Alala ça c'est bien elle ça.. Bon ben autant continuer comme avant non?

" Oui Oui j'arrive " dis-je en prenant le plus d'herbe possible dans ma geule