Je remuais doucement sur mon lit de mousse alors que je bataillais dans mon ou mes rêves. Etait-ce un combat ? Peut être. Le fait est que j’étais vachement bien, affalé sur ma couchette de mousse sans personne pour venir m’embêter et encore moins une de ces agaçante femelle. Moi ? Je suis Nuage du Panda. Un petit nuage, qui ressemble à s’y méprendre à un panda. Je suis bicolore aux yeux verts. Bien, les présentations son faites je reprends donc ma description. J’élance ma patte, comme pour fouetter un adversaire Lorsque je sens un truc mou et plein de touffes de poils je comprends que ma patte a rencontrée autre chose que mon adversaire virtuel. J’ai baffé quelqu’un ? Immédiatement j’ouvre grand les yeux et me rend compte que j’ai uniquement donné une claque à la boule de mousse qui sert actuellement de jouet au petits de a pouponnière. Rassuré je laisse mon regard vert parcourir le camp. Rien de bien folichon ce matin. Le brouillard n’est pas parti depuis longtemps et il fait frais dehors. Je frissonne avant de remuer les moustaches, trop frais pour moi. J’enroule ma queue autour de mon corps, me roule bien en boule et me rendort aussi vite que je me suis réveillé. Non mais, manquerait plus que je sois lève tôt moi !

Cette fois les doux rayons du chaud soleil viennent réchauffer ma fourrure noire et blanche, mais je ne me lève pas tout de même. J’ai... La flemme. Chose qui, je le conçois sans mal, m’arrive plus souvent que souvent. Mais alors que je rêvasse doucement en profitant de la chaude matinée une patte vient me secouer. J’entends alors qu’on me souffle

« Nuage du Panda. » Me souffla l’apprentie guérisseuse tout en continuant à me secouer avec vigueur. « Debout, tu vas venir avec moi ramasser des plantes. »

Je vais venir avec elle chercher des plantes ? Ok. Sans poser de questions j’ouvre les yeux et je bâille avec lassitude. Accompagner une femelle, guérisseuse, aller chercher des plantes médicinales... Que ça allait être barbant ! Enfin, je n’avais visiblement pas le choix. Et sortir un peu me fera du bien, je n’aurais plus mes aînés sur le dos ! Je me redresse et m’étire, un p’tit coup de langue par ci, un autre par là et le tour est joué ! Sans m’attendre Nuage de Luciole, car c’est le nom de la femelle venue me sonner les cloches, se dirige déjà vers la sortie du camp. Je la suis en trottinant pour la rattraper, pas la peine de lui demander où l’on se rend je sais d’ors et déjà qu’on va aux Rochers aux Serpents ! Comment je sais ? La direction qu’elle a prise c’est tout. Elle passe sa queue autour de mon cou et me dit d’un ton dur :

« Tu vas faire gaffe, y'a des serpents partout ici. Tu vas m'aider à trouver de la consoude, ce sont des plantes aux feuilles vertes allongées. Elles ont une odeur assez sucrées et tendres, mais ont un goût un peu sec. »

Merci j’ai beau être un jeune apprenti de 6 lunes je sais tout de même que aux Rochers aux Serpents il y a des serpents ! Et je sais faire attention aussi. Mais juste pour embêter cette femelle je me ferais bien piquer... Quoi qu’elle serait capable de me laisser mourir. Et puis la flemme. Je marche donc à son côté, les moustaches frétillantes et une lueur joyeuse dans le regard. Une odeur sucrée ? Cool ! A l’attaque !

Je cherche cette odeur que m’a décrite Nuage de Luciole. J’avance lentement, le sourire aux babines, guettant les reptiles qui pourraient me sauter dessus à tout moment. Mais alors que je profite du paysage une douce flagrance sucrée vient me chatouiller les narines. Ce serait ça ? Je m’approche de la plante qui dégage un tel fumet et la montre du museau à Nuage de Luciole :

« C’est elle ? »

Je regardai Nuage de Luciole tourner la tête vers moi, d’abord agacée. Je n’avais pas trouvé la bonne ? Pire, c’était du poison ? Mais lorsque je la vit remuer les moustaches, amusée, je compris que je n’avais pas fait une trop grosse bêtise. Il soupira, rassuré, puis écouta attentivement ce qu’avait à lui dire la femelle tigrée :

« Tu as trouvé de la valériane. » miaula-t-elle en déterrant les pieds. « Leurs racines permettent de calmer et d'endormir un chat, très utile quand les pavots meurent. Je fais en ramasser quelques-unes. »

Je la regardais faire, j’étai à la fois intéressé mais un peu dépité. Alors ce n’était pas la bonne ? Pourtant elle avait une odeur très sucrée… Mais bon, après tout la consoude n’était pas la seule plante à avoir une odeur attirante. Mais cet échec fit monter en moi une envie irrépressible de trouver la bonne. J’étais peut être un simple apprenti guerrier mais j’avais, bien malgré moi, ce côté mauvais perdant qui constituait à lui tout seul un de mes pire défauts. Je n’avais pas trouvé la bonne, la prochaine fois je ne devais pas me tromper. Enfin, être sérieux d’accord mais comme tout le monde j’ai mes limites, je remuais les moustaches puis suivit Nuage de Luciole qui venait tout juste de sauter sur un rocher, pour mieux voir sans doute. Tout ceci m’amusait beaucoup je dois l’avouer.

« Grrrah, il ne reste rien ! » grogna-t-elle en envoyant une branches de la patte sur le côté. « Cherchons plus en amont. Ah, et Nuage de Panda ? Sache juste une chose en plus. Si tu te fais mordre, aucune plante ne peut soigner la morsure d'une vipère, aucune. Alors à ta place, je redoublerais encore plus de vigilance. Maintenant, suis-moi. »

J’avais envie de lui faire « gna gna gna » mais je tenais trop à la vie pour la risquer en tenant tête à cette apprentie au fort caractère. Je me doutais bien qu’aucune plante ne pourrait me soigner si je me faisais piquer, mais elle avait raison. Sans vigilance mais le plus aguerrit des guerriers pourrait se faire mordre par un de ces maudit serpent. Je soupirai puis me mis en condition de chasse. Tout les sens en alerte, le nez au vent et les oreilles dressées aucun son ne m’échappait. Fréquemment mes oreilles frémissaient mais jamais le bruit d’un serpent n’était la cause de ce frémissement. Je me releva et dit d’un ton calme et d’une voix claire :

« Merci du conseil Nuage de Luciole, je ferais plus attention qu’avant maintenant. Les plantes semblent toutes mortes ici, allons nous autres part ou continuons-nous à chercher ici ? »

Bah oui, quand il faut être poli je le suis. Enfin là je suis en mode gentleman, mais quand on m’agace c’est une autre paire de manche. Et puis bon, je n’aime pas les femelles mais je les respecte. Sans elles, pas de petits. Et sans elle, personne pour faire battre le cœur des mâles. Je plongeais mon regard ambre dans celui de l’apprentie guérisseuse l’air de dire « alors, on fait quoi cheffe ? » .