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J'avais erré dans les flammes. Longtemps. Au début, j'avais cru à un horrible cauchemar. Mais les crépitations du brasier autour de moi, les arbres rougeoyants se fracassant au sol et la chaleur torride qui se dégageait de l'endroit me ramena vite sur la terre ferme ! Peu importait qu'il y ait eu un chat ici... il était sans doute mort, et je le rejoindrai dans peu, si je restais...
C'est pourquoi, je dû sortir. Je ne vis qu'une forme floue devant moi, peut-être un guerrier qui attendait d'éventuels survivants. Heureusement, je n'avais rien. Le chat flou bondit vers moi à ma sortie du camp, et j'eus à peine la force de lui dire qu'il était trop tard pour tout autre félin prisonnier des flammes. J'étais sans doute le dernier être vivant. Il était inutile d'aller chercher quelqu'un d'autre.

Après, c'est le flou. Tout ce dont je me souviens, c'est d'avoir été soutenu puis laissé pour un long voyage droit devant moi, jusqu'à ce que je crois percevoir comme étant les rochers du soleil. La fumée qui me brouille le regard, m'obstrue la respiration et cache les bruits, me désoriente totalement. Heureusement que je ne suis pas seul... Pauvre Pépin de Raisin... Il ne doit pas avoir survécu. Il était brave et fier, il faisait un très bon combattant. Nous aurons du mal à le remplacer. Je ne sais même pas comment moi, je parviens à marcher. Et bien sur, inutile de tenter de parler avec celui ou celle qui me soutient autant qu'il le peut. Je ne peux quasiment pas marcher tout seul, et je crois que sans lui ou elle, je serais mort près du camp.
Arrivé aux rochers du Soleil, je me laisse m'affaler au sol. Il faut que je retrouve la vue, au moins un peu. je bégaie un petit "merci" à mon sauveteur, avant de fermer les yeux. Doucement, les sensations reviennent. J'ai encore la gorge obstruée par cette odeur de chair grillée, qui me hérisse de temps à autres le poil. Mais mes oreilles n'entendent plus que le crépitement des flammes.
C'est là que j'entends ce que je n'ose croire.

_ Qu'est-ce que ça signifie Pépin de Raisin ?

Pé... Pépin de Raisin ? Il n'était pas censé être mort dans le bucher ? Je ne peux rien voir, car mes yeux me brûlent toujours... Et je ne suis plus certain de ce que j'écoute.

_ Où étais-tu passé pendant que ton clan souffrait le martyre ?! Réponds-moi !

La voix courroucée de notre chef répond d'elle-même à mes craintes. C'est bel et bien du bon Pépin de Raisin dont je crois qu'il parle. Alors... il n'était pas là ? Ca ne m'a servi à rien de risquer ma pelisse dans le feu ? D'autres aussi s'y sont risqués...
Non, je suis certain qu'il avait une bonne raison. Je rassemble les dernières forces qu'il me reste et me dresse vers la voix du chef. J'ouvre les yeux avec peine et voix deux formes floues... Non, trois... TROIS ? Il ne peut pas nous avoir abandonnés comme ça, pour rien... Une quatrième s'invite. C'est Aile de Faucon, que je sens tendu par son ton et ses paroles tranchantes. Je tousse et parviens à parler, malgré l'odeur âcre que j'ai dans la gorge :

_ Attendez... Il doit avoir une bonne explication.

Mes membres sont douloureux, ils me brûlent atrocement. Mais, petit à petit, ma vue revient. J'en profite pour glisser un regard confiant à Pépin de Raisin. Bien sur qu'il va tout expliquer ! On ne peut pas laisser son clan sans une bonne raison !

[ Note : J'ai envoyé un MP à Saph et finalement, Lulu va assez bien pour soigner quelques chats xD Alors si possible, à part la toile d'araignée et les graines de pavot, évitez de faire de votre guerrier un guérisseur, car c'est impossible sauf formation (: ]

Tornade de Luciole suffoquait, entre sa blessure à la patte et la fumée se ventilant dans leur direction. Même si l'orage grondait toujours aussi fort, la pluie n'était pas assez puissante pour éteindre le feu. Puis Cœur de Vent vint à ses côtés et lui murmura quelques paroles réconfortantes. Peinée de l'entendre geindre sur mon sort, elle détourna la tête et écouta les instructions d’Étoile de Clarté. Les Rochers du Soleil ? Quel fou ! Même le Clan de la Rivière pouvait défendre son territoire, mais ce n'était pas le rôle d'une guérisseuse de détourner les ordres de son meneur, surtout dans un état pareil.
Dans une grimace de douleur, la femelle brune et grise se releva difficilement, appuyée contre l'épaule d'un guerrier couvert de suie et se mit à boiter. A cette allure là, la guérisseuse se dit qu'il serait préférable de l'abandonner à son sort, mais sa gorge lui brûlait trop pour qu'elle puis parler.
Arrivée aux Rochers du Soleil, Tornade de Luciole s'effondra au sol et essaya de contrôler sa respiration. Près d'elle, des chats meurtris et blessés et se lamentaient. Certains n'avaient rien, mais leurs yeux balayant le vide n'arrangeait strictement rien. La guérisseuse ferma un instant les yeux et quand elle le rouvrit, c'était pour voir Pépin de Raisin fendre la foule, l'air mortifié, un chaton dans la gueule. Un grondement sorti de la gueule de la chatte. Comme cette cervelle de souris avait-il pu les abandonner lors d'un instant aussi désastreux que celui-ci ? Et avec un chaton ?
Cependant, elle n'était pas guerrière et n'avait pas le droit de se mêler de cela. Elle se redressa sur ses pattes avant, sentant toute la douleur de sa jambe passer dans sa colonne vertébrale tandis que des os broyés claquaient dangereusement dans sa patte, elle lança aux chats autour d'elle :


« Il me faut quelqu'un de frais et sans blessure pour me ramener des remèdes. » sa voix rauque se brisa en une quinte de toux, mais elle se reprit : « Il me faut de la consoude... C'est une fleur violette aux feuilles larges, elles poussent souvent entre les rochers. Du bouillon blanc, une fleur jaune, j’en ai vu à notre entrée dans le territoire... Si vous pouvez... Trouver des bais de consoude et de genièvre, ça aiderait beaucoup... Le genièvre est noir. »

La guérisseuse s'étonna de réciter parfaitement les remèdes efficaces, notamment le bouillon blanc qu'elle n'avait jamais utilisé. Mais elle vacilla et se rallongea, trop épuisée et blessée pour partir elle-même à la cueillette. Et ce Pépin de Raisin... Elle se tourna vers Etoile de Clarté et feula :


« Etoile de Clarté ! Pense aux chatons et à tes guerriers avant d’aller secouer cette cervelle de souris ! Il faut les soigner et les nourrir, si tu ne l'avais pas deviné, tu es toi aussi une cervelle de moineau ! Maintenant, viens avec moi, il faut que j'examine ta patte. »

Un chat se raidit près d'elle. Personne ne s'adressait sur ce ton à un chef, mais la guérisseuse savait qu'elle avait raison et elle ne lâcherait pas l'affaire.

Ecoutez-moi tous ! Nous ne pouvons pas rester ici. Cet endroit sera bientôt en feu à son tour. Nous allons aux rochers du soleil.

Mûre Sauvage s’étrangla. Le clan de la Rivière ?! Non, mais ce n’est pas possible, il doit bien y avoir un territoire dans le clan qui ne soit pas ravagé par les flammes ! Non ? Juste avant que les nombreuses protestations des guerriers ne s’élèvent parmi le crépitement des flammes, il continua d’une voix ferme :
Nous n'avons pas le choix. Vu notre situation je suis sûr que Etoile de Cristal se montrera conciliante. De toute façon c'est ça ou mourir. A vous de choisir. Mûre Sauvage choisis quelques membres plus ou moins valides et aidez les plus gravement touchés à se déplacer. Les apprentis restez près de vos mentors ou près des guerriers, si vous tombez sur une proie pendant le chemin attrapez-la, mais sans vous éloigner pour autant. Aile de Faucon j'ai besoin qu'un chat reste ici pour attendre d'éventuels survivants.

Sans écouter la suite, la lieutenante tourna la tête de droite à gauche à la recherche de chats capables d’aider les autres. Elle n’eut pas besoin de chercher longtemps qu’une demi-douzaine de félins plus ou moins valides s’approchaient d’elle. Avec eux, elle prit en charge les félins les plus blessés, et les escorta le plus vite possible loin du brasier qui continuait sa course folle et dévastatrice.
Depuis combien de temps marchaient t’ils ainsi ? Mûre Sauvage sentait ses pattes faiblir, elle avait envie de s’écrouler au sol et de dormir. Mais non, le blessé qui s’appuyait sur elle ne pourrait jamais joindre les terres d’Etoile de Cristal sans aide. Soit dit en passant, la chatte tigrée trouvait cette idée vraiment très mauvaise et doutait sérieusement que la cheffe des Rivièreux soit clémente à ce point. En plus, à la prochaine Assemblée des clans, le grand clan du Tonnerre sera vraiment pitoyable. Et pour Mûre Sauvage, ce sera difficile de supporter toutes les moqueries des clans ennemis.

Enfin les Rochers furent en vue. Mûre Sauvage installa le félin qu’elle avait soutenu jusque là près des autres blessés et en trottinant assez rapidement, elle se dirigea vers l’endroit d’où elle était venu. Elle espérait voir deux silhouettes arriver. Celle de Pépin de Raisin et de Aile de Faucon. Cœur de Vent, lui, était arrivé pendant qu’elle avançait, il les avait rattrapés. Les yeux embués par la tristesse et l’inquiétude, elle entendit la voix de Aile de Faucon. Folle de soulagement, elle se dirigea vers le matou qui avait du passer par quelque part d’autre. Mais ce qu’il disait d’une voix glaciale perturba Mûre Sauvage :
Aile de Faucon est bien vivant.

Mais à qui pouvait-il bien s’adresser de la sorte dans un moment pareil ? Inquiète, et surtout perturbée, la lieutenante tigrée s’élança vers son chef et le guerrier ainsi que quelques d’autres félins étaient regroupés. Mais que se passait-il ? Mûre Sauvage bouscula quelques chats pour finalement se retrouver entre son chef et Aile de Faucon, qui crachait :
Tu sais que mes poumons s'embrasaient par espoir de te voir sortir des flammes Pépin de Raisin ? Tu le sais que j'ai failli mourir pour une cervelle de souris qui ne trouve rien de mieux que de s'éclipser en secret pour je ne sais quelle raison ? Est-ce que tu le savais Pépin de Raisin ? Oh non, tu ne trouves rien de mieux que d'amener une bouche en plus à nourrir alors qu'un clan entier est en deuil ! Tu le sais ?!

Pépin de Raisin. Vous pensiez surement que la femelle serait folle de joie de voir apparaître son meilleur ami porté disparu. Mais non. Oh que non ! Elle était folle de rage plutôt, comme l’imposant guerrier à coté d’elle. Elle s’était faite un sang d’encre depuis le début alors que cette cervelle de souris faisait on ne sait trop quoi à l’autre bout de la forêt ! Tout ça pour quoi ? Pour ramener ce petit chaton nouveau né ici, dans le substitut de clan. Mûre Sauvage se retenait de toutes ses forces de sauter sur Pépin de Raisin pour lui arracher des explications, et des bonnes. Parce que là, il avait intérêt à avoir une excuse du tonnerre (sans mauvais jeu de mots hein !), pour s’être absenté durant cet événement cataclysmique. Avant que le guerrier revenu de nulle part puisse se défendre, la lieutenante hurla :
-Mais par l’amour du Clan des Etoiles !! Dis nous où tu étais passé ! Tout le monde se faisait un sang d’encre ici, pendant que tu étais ... Où ça ? Et puis c’est qui ce petit ?! D’où il sort ?

Mûre Sauvage soupira. Elle ferma les yeux. Pour tenter de se calmer. Mais elle ne comprenait tout simplement pas ce qu’il faisait en dehors du camp, seul, en pleine nuit. Elle finit par miauler, toujours aussi sur les nerfs, mais néanmoins un peu plus douce qu’auparavant :
-Tu faisais quoi en dehors du camp … ?

Puis elle s’approcha du chaton histoire d’avoir une petite idée d’où il venait. Elle huma le chaton mais la seule odeur qu’elle parvint à identifier fut celle du bois brûlé qui envahissait encore ses narines. Elle l’observa. C’était un mâle, minuscule, né certainement durant la nuit passée. Il était le portrait craché de Pépin de Raisin, le même pelage, les mêmes yeux jaunes. Mûre Sauvage se rappela immédiatement le matou qui était son meilleur ami alors qu’il n’était qu’un tout jeune félin. Peut-être le mâle l’avait-il déjà précisé, mais si ce petit était son fils ? À ce moment-là, qui était la mère du chaton ?
-Pépin de Raisin …. C’est ton fils … ?

[ N'attendez pas la réponse d'Etoile de Clarté, vous pouvez continuer. Pour ceux qui souhaitent faire des RPs privés, vous pouvez les faire au camp/territoires du Tonnerre (en prenant compte que tout est détruit) ou les faire ici (Rochers du Soleil). ]