Je suis roulé en boule dans la tanière des apprentis, les yeux clos et le souffle régulier je me repose de ma journée fatigante. Il fait nuit, pas un bruit n’arrive à mes oreilles. Comme si la forêt tout entière dormait. Peut être a-t-elle peur de mon clan, et se fait-elle toute petite ? Il faut dire que ces temps ci le clan de l’ombre ce n’est pas vraiment ça… Mais je n’ais rien à dire, et pas à me plaindre, je ne suis pas guerrier. Et je ne le serais jamais. Je suis Nuage de Fumée, apprenti espion plutôt discret et paresseux.
Je m’étire doucement et effleure la fourrure d’un de mes camarades de tanière, celui-ci grogne et se retourne. Mais moi je dors à moitié, donc à part me mettre à ronfler je ne suis pas vraiment en position de m’excuser. Je rêve d’un grand champ pleins de fleur. Je rêve de mon père et de ma mère, de ma sœur. On est tous là, on est heureux, il n’y a personne pour nous déranger. Pas de guerrier, pas d’apprenti… On est juste une famille. Et on est heureux. Serait-ce la mon souhait secret ? Peut être, mais je suis né dans le clan de l’ombre, je me dois de le servir fidèlement jusqu’à ma mort. Lorsque cette pensée envahie mon esprit mon rêve s’obscurcit. Mes parents s’éloignent, pour chasser soit disant. Mes poils se dressent sur mon échine, et un chat apparait. Une chatte plutôt. Grande, au pelage sombre et au regard assoiffé de sang. C’est Etoile Obscure. De quel droit vient-elle foutre le bazar dans mon rêve ? Je grogne et lui saute à la gorge.
Alors que mon rêve devient un combat sanguin et féroce je sens que quelqu’un me secoue violemment. C’est mon voisin d’a côté qui en a marre que je m’asticote. J’ouvre lentement les yeux, un peu dégoûté que mon rêve s’arrête là. Je sors alors de la tanière des apprentis et décide d’aller me remplir la panse. Le soleil est déjà assez haut dans le ciel. Pendant que je dévore ma sourie j’essaye de me rappeler ce que j’ai a faire mais rien ne me vient. Je commence donc ma toilette, lorsque ma sœur arrive et lance, très nerveuse :
-Nuage de Fumée c'est l'heure.
Comme d’habitude elle me parle comme si j’étais le dernier né de notre porté. Nous sommes jumeaux, il faudra un jour qu’elle arrête de me traiter comme un gamin. Surtout que moi, je vais devenir espion aujourd’hui ! Alors elle n’aura pas le temps de me prendre de haut. Je me lève et savoure ce moment. Celui où je constate pour la énième fois que je fais une tête de plus que Nuage d’Utopie. Je suis grand pour mon âge, il faut le reconnaitre. Mais c’est aussi à cause de ma fourrure très touffue. Mais je n’ai pas le temps de vraiment savourer cet instant, car elle va rejoindre les autres membres de son escorte. Cœur de Chocolat et Fleur de Vanille. Je sais que ma sœur les adore, mais moi je m’en fiche. De toute façon je suis associable et elle devrait le savoir.
Nous sommes en route depuis un bon moment. Ma sœur en tête. Elle a l’air préoccupée, et je crois savoir pourquoi. Etoile Obscure. C’est toujours elle qui occupe ses pensées. Car oui, elle va devenir guérisseuse, donc elle va devoir conseiller la cheffe. Et l’épauler ou non, c’est là le rôle de son rang. C’est alors qu’elle se rapprocha de moi. Je souris et colla ma fourrure à la sienne. Cette sensation de chaleur me réchauffa le cœur. A elle aussi j’espère. Mais elle ne dura pas longtemps, nous étions déjà aux quatre chênes. Nuage d’Utopie prit la parole :
-Les rituels et secrets des guérisseurs ne doivent être connus que d'eux seuls. Vous m'escortez jusqu'aux hautes pierres, mais après vous devrez partir d'accord ? Je demanderais à Etincelle de Lumière ou Tornade de Luciole si je peux les suivre jusqu'ici. Après je saurais bien rentrer toute seule.
J’allais protester lorsque ma sœur posa son museau sur le mien et me regarda droit dans les yeux. De la haine naquit dans mon regard. Je ne suis pas un bébé, va-t-elle un jour s’en rendre compte ? Je suis fort déjà, bien plus fort qu’elle, et je compte le devenir encore plus ! Mais là, je m’inquiète surtout pour elle. N’en a-t-elle donc rien à faire ? Elle tourne les talons et repart. Je grogne un coup avant de repartir moi aussi. Ma sœur semblait avoir retrouvé le sourire, tant mieux parce que moi je suis plutôt en phase mauvais poil.
Nous sommes arrivés. Elle nous fit un doux sourire tendit qu’un grognement naquit dans ma gorge. « Merci mais vous devez partir ». Voilà ce qu’elle allait nous dire. La queue battante et les oreilles à moitié en arrière j’écoutais quant même :
-Nous voilà arriver. Merci de m'avoir accompagnée, mais vous devez partir maintenant.
Qu’est ce que j’avais dis ? Ronchon je m’apprêtais à tourner les talons lorsque l’odeur des autres clans vint me chatouiller le nez. Les autres guérisseurs étaient là, mieux valait filer. Je lançais un regard aux guerriers, on file ou pas ?