Aujourd’hui, ou plutôt ce matin, Nuage d’Adonis était parti s’entraîner avec son mentor. Il s’était donné du mal et, à présent, était rentré au camp, épuisé. Le soleil était haut dans le ciel ; il était presque midi. Il n’y avait presque pas de nuages, ce qui était très bien ! En ce moment, même si l’on était en pleine saison des feuilles vertes, le ciel était le plus clair du temps couvert et les rayons du soleil avaient du mal à percer la couverture nuageuse. Cela faisait du bien, d’enfin profiter d’un vrai soleil qui ne se cachait plus !
L’apprenti espion se dirigea vers le tas de gibier, qui n’était pas trop vide, mais pas vraiment plein non plus. Il attrapa un lapin presque aussi gros que lui et le traînait à travers le camp pour rejoindre la tanière des anciens. Une fois arrivé là-bas, il leur laissa son présent et retourna choisir une proie sur le tas de gibier. Il prit un campagnol et rejoint l’entrée de la tanière des apprentis, où certains novices terminaient déjà de manger pour tout de suite partir s’entraîner. Avant de commencer à manger, Nuage d’Adonis observa le camp ; les anciens étaient sortis avec leur proie et jacassaient à propos de ragots palpitants. Une reine surveillait ses petits qui jouaient à se battre devant la pouponnière. Le camp du Vent semblait paisible, et aucun soucis ne paraissait en vue. Si la vie entière était comme ça, ce serait parfait !
Le chaton chocolat commença à manger son campagnol, puis s’arrêta net en sentant une présence. Un guerrier ennemi était venu attaquer le camp ?! Non. L’odeur était celle du Clan du Vent. Assis par terre, Nuage d’Adonis renifla l’air ; il crut sentir le fumet de sa sœur.

- Nuage d’Espérance ? souffla le chaton. C’est toi qui est là ?

Nuage d'Espérance courait. Elle ne sentait plus le sol sous ses pattes mais cela n'avait pas d'importance. Il lui semblait que le vent aurait pu l'emporter toute entière tellement il était puissant. Comment ce faisait-il qu'elle parvenait a résister et a courir ventre à terre ? Le paysage qui l'entourait était flou. Elle avait l'impression de courir en apnée, mais elle se sentait si forte. Comme si elle possédait une énergie infinie. Elle ne parvenait pas a distinguer la lande. Seule la queue blanche du lapin contrastait avec le vert de l'herbe. Comment pouvait-il courir si vite ? Pourquoi ne sentait-elle pas la souffrance dans ses pattes ?

Mwraou !

Quand Espérance ouvrit les yeux, elle se trouvait bien au chaud dans sa litière de mousse. Elle était dans la tanière des apprentis. Tout ça n'était qu'un rêve.. Déçue, la jeune chatte blanche s'étira et bâilla bruyament. Elle se tenait dans une position étrange. Elle avait tellement bouger dans son rêve ! Elle prit le temps de lisser son pelage, un peu endormie. Pourquoi rêvait-elle qu'elle chassait un lapin ? Elle devait avoir faim..  Elle reprenait doucement ses esprits et cligna des yeux.
D'ou venait tout ce soleil ? Elle étouffa un nouveau bâillement. Mince ! Il devait être près de midi ! Elle avait passé toute la matinée a dormir ! Rah la la ! Qu'elle feignasse ! Elle se dressa sur ses pattes toute paniquée. Mais si son mentor ne l'avait pas réveillée, c'est qu'il devait avoir d'autres projets.. Ou bien il lui avait donné rendez-vous ? La jeune chatte blanche était toute perdue.
Elle s'ébroua pour chasser les brins de mousse qui s'était accrochés a sa fourrure. Sans succès. Elle grogna et sortit précipitamment de la tanières de apprentis. Ses pattes lui faisaient si mal ! Elle avait du faire la grasse mat' tellement elle était fatiguée. Son mentor avait dû avoir pitié d'elle et lui avait accordé une matinée de repos. Oui, elle ne voyait que ça.
Rassurée, elle s'assit devant l'antre et laissa le soleil réchauffer sa fourrure. Elle ferma les yeux de plaisir. Que c'était bon ! La vie entière devrait ressembler a cela. Du soleil, du temps, du calme.

Son ventre se mit a gargouiller et elle se rendit soudain compte de sa faim. Voilà pourquoi elle avait rêver qu'elle chassait ! Avait-elle le droit de manger même si elle n'avait rien fait de la matinée ? Elle chercha des yeux son mentor mais apparemment, il n'était pas au camp. Peut-être devait-elle attendre qu'il rentre pour lui demander la permission ? Mais si il e rentrait pas avant ce soir ? Elle serait dans les pommes bien avant. Son dernier repas remontait a hier... Un chat en pleine croissance doit se nourrir ! Ce n'est pas la nourriture qui manquait en cette saison. Si elle prenait juste un petit campagnol en attendant le retour de son mentor... Personne n'en saurait rien. Ce n'était pas un crime quand même ! Elle s'approcha aussi tranquillement que possible de la réserve prit un petit rongeur et s'éclipsa.
Tous les apprentis étaient déjà en train de manger. Elle allait se joindre a eux lorsqu'elle aperçut Nuage d'Adonis. Elle s'approcha de lui. Il n'avait pas dû l'entendre. Il portait un gros lapin qui devait lui masquer les odeurs. Elle était contente de le voir.

- Nuage d’Espérance ? souffla le chaton. C’est toi qui est là ?

Nuage d'Espérance vit se placer en face de lui et posa son repas au sol.

Oui. Je peux manger avec toi ?


Sans attendre de réponse, elle s'allongea et commença à depecer sa proie.

Quelques secondes s’écoulèrent, ce qui sembla des minutes à Nuage d’Adonis, avant qu’une boule de poils blanches, Nuage d’Espérance, se mette en face de lui. Elle avait attrapé sur le tas de gibier un campagnol, qu’elle posa à terre pour répondre à la question de l’apprenti chocolat.

- Oui. Je peux manger avec toi ?

Le jeune matou n’eut pas le temps de répondre ; sa sœur prit immédiatement place pour commencer à manger sa proie. Nuage d’Adonis recommença à manger, puis s’arrêta de nouveau, fixant tour à tour le rongeur et sa sœur. Ses moustaches frémirent d’amusement, puis il lança, la voix enjouée :

- Tu sais, tu n’es pas obligée de te priver autant ! Si tu veux, je peux te donner le reste de ma proie. Je suis repus !

L’apprenti-espion poussa le lapin vers Nuage d’Espérance, puis entreprit de se nettoyer une patte. Il la lécha longuement, avant de se passer sur une oreille. Il s’arrêta d’un seul coup, puis se mit en position assise, attendant de voir si sa sœur allait s’attaquer aux restes du lapin ou non.
En attendant, Nuage d’Adonis se demandait toujours où se trouvait l’apprentie, ce matin. Il ne se rappelait pas l’avoir vue se réveiller, le matin. Était-ce possible qu’elle était restée dans le camp toute la journée ? Son mentor l’aurait laissée flemmarder ? Tout ceci était étrange. Le jeune chat voulait en avoir le cœur net. Il ouvrit la gueule, mais ne prit pas tout de suite la parole ; il savoura les effluves du gibier qu’il pouvait bien mieux sentir. Enfin, il se lança.

- Dis, je ne t’ai pas vu, ce matin, pendant l’entraînement… Qu’est ce que tu faisais ? Ne me dis pas que tu as dormi pendant tout ce temps-là !

Nuage d'Espérance attaqua joyeusement son rongeur sans prendre le temps de le dépecer convenablement. Elle savoura la dernière bouchée, laissant le temps à la chair délicieuse du rongeure de mettre toute sa saveur sur sa langue. Huum. Qu'elle belle saison que l'été ! Il faudrait juste que la température baisse un peu...

La jeune apprentie blanche regarda tristement le tas d'os de son repas. Ah, non ! Ca ne pouvait pas être déjà fini ! Elle venait juste de se mettre en appétit. Elle cala un os entre ses pattes et s'apprêta a le ronger lorsque le voix de son frère l'interrompit:

- Tu sais, tu n’es pas obligée de te priver autant ! Si tu veux, je peux te donner le reste de ma proie. Je suis repus !


Il agita les moustaches avec amusement. Elle semblait si affamée que ça ! C'est vrai qu'elle se comportait comme un renard affamé en pleine mauvaise saison. Elle agita les oreilles confuse.
La proposition de Nuage d'Adonis lui fit plaisir. C'était offert de bon coeur alors... Mais elle eut des remords en pensant a sa matinée a flemarder... Elle n'était pas en sous alimentation non plus et elle imaginait sans mal ce que lui aurait dit son mentor: Qui dort dîne ! Et il aurait agité les moustaches. Oui c'est exactement ce qu'il aurait fait ! Loin de la culpabiliser, ces pensées la décidèrent. Elle attraperait plein de proies cet aprèm, tellement qu'elle ne pourrait plus les compter ! L'apprenti espion brun avait raison. Se priver ne servait à rien.

Elle le remercia d'un signe de queue et s'attaqua aux restes du lapin. Elle se lécha les babines, et retient un bruit peu gracieux.
Nuage d'Adonis avait commencé a faire sa toilette et s'interrompit et lança :

- Dis, je ne t’ai pas vu, ce matin, pendant l’entraînement… Qu’est ce que tu faisais ? Ne me dis pas que tu as dormi pendant tout ce temps-là !

Nuage d'Espérance ramena sa queue penaude. Et voilà qu'elle culpabilisait a nouveau ! C'était pas possible de vivre avec un caractère possible !
Elle se leva et s'approcha de Nuage d'Adonis pour accomplir la cérémonie du partage. Elle le lécha entre les deux oreilles, puis lui avoue le triste emploi du temps de sa triste matinée :

" Euuuhm. En fait, c'est vrai que je n'ai pas fait grand chose ce matin. Pour être honnette, je me suis comportée comme une ancienne tire au flanc. " Elle remua les moustaches.
" Je crois bien que Arc-en-Ciel m'emmenera chasser cet après-midi. Je vais me rattraper... J'imagine qu'il avait une bonne raison de me laisser flemmarder... "

Elle interrompit là ses explications peu glorieuses.